"Là bas, comme si nous y étions"
Pascal Marinelli.
Pascal Marinelli.
La mise en scène théâtrale profite de l’élan créatif de l’après 68 pour oser s’aventurer sur des chemins inexplorés. Les décors disparaissent, les portes ne claquent plus, le sur-jeu n’est plus de mise. On décide de faire davantage confiance au spectateur qui doit faire appel à ses représentations, ses interprétations. Mais encore faut-il donner du sens à ces brèches « provocréatrices ». Gênes 01, le spectacle programmé dans le cadre de la fête autrement à Chavannes sur suran, le 9 mai est l’un des spectacles les plus réussis dans ce domaine.
Le thème : les évènements de Gênes en 2001, la répression policière organisée contre les altermondialistes défilant pacifiquement dans les rues de la ville pour s’opposer aux « grands » de ce monde réunis au G8. La mort d’un jeune italien, « un incident regrettable », mais aussi la détention et la maltraitance voire la torture perpétrée sur des dizaines de jeunes, démontrant que l’Europe n’a rien à envier aux américains avec Guantanamo.
Ils sont 5 sur scène, non 6, non 7. Cinq acteurs, trois filles, Aurélie, Ingrid et Marjorie ,deux garçons, Mathieu et Fabien. Benjamin, le « technicien du son » descend sur scène pour tirer les fils de ses 5 marionnettes par le biais d’un sound painting parfaitement maîtrisé. Thibault, le « metteur en scène » s’immisce sur le plateau et dirige froidement sa caméra pour filmer en toute subjectivité et en gros plan la détermination, la détresse, la peur, la douleur, le désespoir. Les prises de vues nous sont proposées en direct, sur un grand écran, à nous « téléspectateurs ». Ce dispositif est là pour nous rappeler que la place des télévisions et de l’ensemble des médias n’est pas à négliger, et que nous n’avons eu vent de ces évènements que par le regard manipulé des médias. Heureusement, le spectacle commence par l’échauffement des acteurs, ouf, nous ne sommes qu’au théâtre ! Heureusement, en plein spectacle, Thibault arrête tout, demande aux acteurs de stopper et il s’adresse aux spectateurs. Ouf, nous ne sommes qu’au théâtre. Ces rappels salvateurs nous apaisent car si au plus fort des violences policières, vous fermez les yeux, vous y êtes !
Lors de ce préambule en échauffement, les acteurs, en peignoirs, sautillent, boxent dans le vide, se préparent au combat, ils finiront en loque, vidés, au point de passer le relais aux spectateurs qui liront les dernières lignes de la pièce de Fausto Paravidino.
Ce spectacle est déconseillé aux moins de 16 ans, mais surtout je le déconseille aux autruches qui ont l’habitude de mettre la tête dans le sable et d’attendre que cela se passe. Car dans ce spectacle, non seulement on vous dénonce des faits niés en plus haut lieu, mais en plus on vous impose de les vivre en direct. Ce que ces cinq acteurs extraordinaires inventent corporellement nous le percevons tout aussi intensément par nos sens. Nous sommes littéralement agressés émotionnellement. Le message de la barbarie et de l’injustice passe d’autant mieux.
La performance nous apparaît encore plus grandiose quand on réalise que tout est improvisation. Tous connaissent le même texte, il sortira d’on ne sait quelle bouche, quel corps. C’est du théâtre « quatrième dimension ».
Merci à ces sept véritables rapporteurs de l’Histoire.
Total respect !
Ils sont 5 sur scène, non 6, non 7. Cinq acteurs, trois filles, Aurélie, Ingrid et Marjorie ,deux garçons, Mathieu et Fabien. Benjamin, le « technicien du son » descend sur scène pour tirer les fils de ses 5 marionnettes par le biais d’un sound painting parfaitement maîtrisé. Thibault, le « metteur en scène » s’immisce sur le plateau et dirige froidement sa caméra pour filmer en toute subjectivité et en gros plan la détermination, la détresse, la peur, la douleur, le désespoir. Les prises de vues nous sont proposées en direct, sur un grand écran, à nous « téléspectateurs ». Ce dispositif est là pour nous rappeler que la place des télévisions et de l’ensemble des médias n’est pas à négliger, et que nous n’avons eu vent de ces évènements que par le regard manipulé des médias. Heureusement, le spectacle commence par l’échauffement des acteurs, ouf, nous ne sommes qu’au théâtre ! Heureusement, en plein spectacle, Thibault arrête tout, demande aux acteurs de stopper et il s’adresse aux spectateurs. Ouf, nous ne sommes qu’au théâtre. Ces rappels salvateurs nous apaisent car si au plus fort des violences policières, vous fermez les yeux, vous y êtes !
Lors de ce préambule en échauffement, les acteurs, en peignoirs, sautillent, boxent dans le vide, se préparent au combat, ils finiront en loque, vidés, au point de passer le relais aux spectateurs qui liront les dernières lignes de la pièce de Fausto Paravidino.
La performance nous apparaît encore plus grandiose quand on réalise que tout est improvisation. Tous connaissent le même texte, il sortira d’on ne sait quelle bouche, quel corps. C’est du théâtre « quatrième dimension ».
Merci à ces sept véritables rapporteurs de l’Histoire.
Total respect !